J’aimerais aujourd’hui revenir sur la situation au Venezuela l’année dernière. Car il s’y est passé des choses fort intéressantes qui permettent de mieux comprendre la situation actuelle. Le 15 janvier, le président Maduro a ainsi décrété un état d’urgence générale et d’urgence économique qui a été maintenu toute l’année. Le décret contenait des dispositions susceptibles de restreindre les activités de la société civile et des ONG, les autorités étant par exemple autorisées à vérifier des accords conclus par des organisations nationales et des entités juridiques avec des entreprises ou des institutions à l’étranger. Les autorités n’ont pas communiqué les résultats de la mise en oeuvre du Plan national des droits humains, approuvé en 2015. À la fin de l’année, les décisions rendues par la Cour interaméricaine des droits de l’homme sur le Venezuela n’avaient pour la plupart toujours pas été appliquées. Les pénuries de nourriture et de médicaments se sont considérablement aggravées, ce qui a provoqué des manifestations dans tout le pays. En juillet, les instances dirigeantes ont annoncé la mise en place temporaire d’un nouveau régime de travail obligatoire autorisant le transfert d’employés du public et du privé vers des entreprises de production alimentaire administrées par l’État, ce qui s’apparentait à du travail forcé. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré en octobre que plusieurs rapporteurs spéciaux avaient rencontré des difficultés pour se rendre dans le pays, le gouvernement ne leur ayant pas octroyé les autorisations nécessaires. En novembre, le bilan du Venezuela en matière de droits humains a été examiné pour la deuxième fois dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU) des Nations unies. Il était à craindre que le caractère provisoire des postes de plus de 60 % des juges n’expose ces derniers à des pressions politiques. En violation des normes internationales relatives aux droits humains, des civils ont été jugés devant des tribunaux militaires. Les forces de police ont refusé d’appliquer des remises en liberté ordonnées par la justice. Les pouvoirs de l’Assemblée nationale, dominée par l’opposition, étaient grandement limités par des résolutions de la Cour suprême, ce qui empêchait les députés de représenter correctement les peuples autochtones. La Cour suprême a également annulé une déclaration parlementaire sur la non-discrimination dans le contexte de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, ainsi qu’une autre appelant au respect des décisions émises par des organisations intergouvernementales.
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